Contexte : Le test de provocation bronchique (TPB) mesure l’hyperréactivité des voies respiratoires; les lignes directrices sur l’asthme recommandent d’utiliser le TPB lorsque les symptômes se manifestent malgré une spirométrie normale. Une mauvaise application de ces lignes directrices entraîne souvent un diagnostic erroné de l’asthme. Pourtant, les statistiques concernant le TPB restent largement obscures. Le présent article aborde cette lacune et explore comment diverses variables de santé peuvent élucider le respect des lignes directrices sur l’asthme et les modèles de TPB dans les provinces canadiennes. Méthodes : À l’aide de la Loi sur l’accès à l’information, des réclamations financières médicales pour le TPB (ou des procédures équivalentes) ont été demandées à chacune des provinces et territoires canadiens. Sur la base des informations disponibles (provenant uniquement des provinces), les corrélations entre la fréquence des demandes de remboursement de TPB et les données démographiques médicales (par exemple, la prévalence des pneumologues, les dépenses de santé) sont rapportées. Résultats : En tenant compte de la population ou des personnes asthmatiques, les médecins du Québec réclament quatre fois plus de TPB par année que ceux des autres provinces; les médecins de l’Alberta près de huit fois moins. Le nombre de pneumologues par habitant et le TPB par habitant étaient modérément corrélés, r(132) = 0,582, p < 0,001, [IC à 95 % 0,421, 0,716]. L’exclusion des « valeurs aberrantes » (c.-à-d. la Colombie-Britannique, l’Alberta et la Saskatchewan) a considérablement renforcé cette corrélation, r(87) = 0,930, p < 0,001, [IC à 95 % 0,883, 0,958]. Discussion : Ces résultats démontrent que les provinces varient dans leur utilisation du TPB. Ce résultat semble provenir, du moins en partie, de différences dans la prévalence des pneumologues. Fait intéressant, la région géographique semble exercer une forte influence; dans la corrélation entre le nombre de tests et le nombre de pneumologues, les médecins des provinces de l’Ouest (c.-à-d. l’Alberta, la Saskatchewan et la Colombie-Britannique) ont administré moins de tests que leurs collègues de l’Est. Compte tenu de l’association entre une application inadéquate du TPB et un diagnostic erroné de l’asthme, les médecins devraient accorder une attention particulière aux lignes directrices canadiennes lorsqu’ils envisagent un diagnostic d’asthme.